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Point de vue d’expert: Vassilia Theodorou, sur l’axe cerveau-intestin

Point de vue d’expert: Vassilia Theodorou, sur l’axe cerveau-intestin

Vassilia THEODOROU est la directrice de recherche de l’unité de neuro-gastroentérologie et de nutrition de l’INRAE Toxalim (en France).

 

L’axe cerveau-intestin est un concept assez nouveau avec lequel nous commençons à nous familiariser en médecine humaine. Pourriez-vous présenter brièvement ce concept ?

Il est vrai que l’on parle beaucoup de l’axe cerveau-intestin ces derniers temps, mais le concept n’est pas si récent. L’axe cerveau-intestin est une voie de communication bidirectionnelle intégrée entre l’intestin et le cerveau qui s’établit par l’intermédiaire d’une connexion entre le système nerveux entérique situé dans la paroi intestinale et le système nerveux autonome.

De cette façon, les messages sont transmis de l’intestin au cerveau, puis de nouveau à l’intestin. Les découvertes les plus récentes au sujet de cette voie de communication bidirectionnelle concernent l’implication du microbiote intestinal comme nouvel acteur de ce dialogue. Il modulerait en effet les signaux de la barrière intestinale reçus par le système nerveux entérique.

Quel est le rôle du microbiote intestinal dans la survenue des maladies humaines ? Pensez-vous qu’il existe des mécanismes comparables chez les animaux d’élevage ?

La relation symbiotique entre le microbiote intestinal et l’hôte est présente non seulement chez l’homme mais également chez les animaux d’élevage. Cette relation symbiotique peut être perturbée, entraînant ce que l’on appelle une dysbiose 1. La dysbiose est liée à la pathogénicité. Par exemple, une infection par des agents pathogènes ou une inflammation intestinale entraînent une dysbiose et une maladie. Cependant, même si la dysbiose est étroitement liée à la maladie dans plusieurs pathologies humaines, nous ne savons pas encore ce qui apparaît en premier, comme dans le paradoxe l’oeuf et de la poule.

En quoi le stress influe-t-il sur la physiologie intestinale ?

De nombreuses publications soulignent les effets du stress sur les fonctions intestinales. Il est par exemple bien connu que le stress accélère le transit intestinal en modifiant la motilité intestinale. On sait également que le stress perturbe l’intégrité de la fonction de barrière intestinale, avec pour conséquences une augmentation de la perméabilité intestinale, des altérations de la sécrétion de mucus et des modifications du profil du microbiote.

Les probiotiques peuvent-ils contribuer à moduler la fonction de barrière et prévenir la dysbiose intestinale ?

Absolument ! Les probiotiques se sont avérés efficaces pour réduire l’hyperperméabilité intestinale induite par le stress ou l’inflammation. Ce renforcement de la barrière intestinale permet de réduire le passage des agents luminaux et l’activation de l’immunité mucosale et, par conséquent, de réduire l’activation nerveuse.

 

1La dysbiose est définie comme un « déséquilibre » de la communauté microbienne intestinale qui est associé à la maladie. Ce déséquilibre peut être dû au gain ou à la perte de membres de la communauté ou à des changements dans l’abondance relative des germes. (D’après Messer et al., Physiology of the Gastrointestinal Tract [sixième édition], 2018)

Publié Dec 14, 2021 | Mis à jour Jun 20, 2023